Ne détourne pas mon propos. Il n'y aucune illégalité à être en grève, sauf quand ce droit est encadré par le concept de "service minimum" ou carrément d'interdiction de grève (l'armée par exemple). De fait ce qu'on appelle une prise d'otage (parce que ça nous emmerde) n'est qu'un abus de langage tout personnel. Curieusement, quand les salariés Renault ont manifestés, sortis des clients de l'ex régie... ça emmerdait qui?donc, il faut obligatoirement paralyser un pays pour juste se faire entendre ? Autant supprimer le droit de grève de la constitution alors.
Une autre stratégie aurait été de distribuer gratuitement le carburant. Ca aurait fait chier Total mais pas la population.
Parce qu'avec ce qu'ils font, ils ne dérangent pas trop Total, qui n'est pas implanté QUE en france. Et du carburant non distribué n'est pas perdu, ils le vendront plus tard. Et l'état s'en tape le coquillar, bien au contraire.
Et aussi, si en bloquant le pays ils n'obtiennent pas satisfaction, on pourra aisément affirmer que le droit de grève est mort. J'ai pas l'impression que leur mouvement fasse peur à Total, ni à l'Etat. Juste au français moyen qui va perdre son job
Autre point: l'état n'a PAS à interférer dans ce cadre, même si le pétrole est un point stratégique. Total est un opérateur privé, avec des salariés, et nous sommes des clients de Total de manière directe ou indirecte. Dans ces conditions, l'état ne met son grain de sel que s'il y a réellement un problème indirect. Dans le cas présent, on parle des réquisitions pour les véhicules d'urgence, et pas plus. L'état peut aussi se poser en arbitre lors des négociations, mais pas imposer s'il n'y a pas de loi le permettant d'une manière ou d'une autre.
Il est donc malheureusement hors-sujet d'inclure dans le débat le gouvernement. Cela serait totalement différent si le gouvernement était un actionnaire dans la société. C'est la différence fondamentale avec Air France par exemple.
Pour faire peur à Total? Techniquement, voilà les chiffres synthétiques
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Donc ils peuvent poser de vrais soucis, notamment concernant les actionnaires avec la baisse de CA des pompes... mais qu'à l'échelle française. Total est présent à l'échelle mondiale, donc il faut rapporter cette perte au CA mondial... donc à une portion congrue.
Le véritable handicap est que l'immense majorité des pompes (toutes si ça se trouve) dépendent des raffineries Total, donc en conséquence vivent grâce à Total.
J'ajoute aussi que ton calcul du 'avant/après" est faux car le pétrole a un index de prix fluctuant. Je m'explique: la demande ne chute pas certes, mais sans stock on pourrait penser à une inflation. Or, dans les faits, c'est la disponibilité du pétrole qui fait le prix de vente... donc le retard lui-même sera à absorber possiblement sur un cours bas, là où ils auraient pu faire de bien meilleures ventes. Pire; le pétrole stocké a possiblement été payé trop cher et ensuite revendu moins cher, avec une variation sur la marge opérationnelle. Est-ce suffisant? Certes non, mais cela n'est pas anodin. La preuve en est, à pétrole peu cher problématique pour les pétroliers d'écouler un pétrole payé au cours antérieurement élevé.
Enfin, tu es dans la contradiction quand tu parles de la mort du droit de grève. D'un côté tu gueules que c'est anormal qu'un syndicat puisse "prendre en otage", tout en revendiquant que le droit de grève est un droit. Il faut se positionner, même si cela induit qu'il y a en bout de chaîne des gens qui vont en payer les conséquences. Par analogie, quand les usines Renault débrayent, les sous-traitants se mettent aussi en arrêt pour ne pas produire "en vain". Pire: cela induit des retards de production, du stockage coûteux, et même de gros retards de paiement. Si le sous-traitant est un tant soit peu précaire, cela peut lui coûter très cher.