La binarité est un vilain défaut, sauf si tu es un ordinateur.
Non, l'escroquerie est plus simple, tellement simple que ça fonctionne à merveille. Les gens consomment en masse (ça les empêche de déprimer, ça les rend joyeux parait-il), les riches deviennent plus riches, se font construire des bunkers autonomes sur des iles, ont des projets démentiels de transhumanisme ou de colonisation d'autres planètes, on sauve des entreprises à coups de milliards en laissant bien de côté le système de santé qui réclamait des moyens dans la rue juste avant le début de la "crise", et tout cela permet d'occulter dans les esprits la véritable crise majeure infiniment plus grave et sans précédent, celle du changement climatique et de notre impact sur notre planète. Ou comment se dédouaner des vrais problèmes en les reportant sur un vilain virus (comme il en existe plein d'autres et plein d'autres à venir), via un arsenal de mesures digne d'un état de guerre, en entretenant la peur, outil de contrôle des masses par excellence. La peur de quoi ? De la mort. C'est à dire de la vie. Sujet ontologique universel par excellence. Comment toucher l'humanité toute entière autrement qu'a travers la peur irraisonnée de la mort ?
Je ne vais pas disserter sur ce sujet, je serais trop long. Mais manque de bol, je n'ai pas peur de la mort, mais alors vraiment pas, donc je suis totalement insensible à ce discours de peur. Je suis conscient à chaque instant que la vie est un miracle, que je ne suis rien à l'échelle de ce qui m'entoure, et que c'est ce qui fait le caractère précieux de la vie (je dis bien LA vie, pas MA vie).
La vraie terreur n'est pas dans ce virus qui occupe les esprits (rappelle moi d'où viennent les zoonoses, et pourquoi ces virus changent d'hôte ?), mais dans tout ce qui se joue partout dans le monde à cause de la 6e extinction de masse et du changement climatique, indéniablement imputé à l'activité humaine aujourd'hui. Les rapports scientifiques du monde entier constatent de plus en plus de changements à grande vitesse, la biodiversité (dont nous faisons partie, même si le monde virtuel et conceptuel qui nous avons créé fait tout pour nous le faire oublier) s'effondre. Ce n'est pas 0,5% des gens qui iront en soins intensifs, c'est 90% qui mourront de faim, dans un combat pour les ressources, engloutis par un tsunami, envahis par des migrants dont le pays se sera effondré. C'est ça l'escroquerie, on s'en tape de ce virus, il y a bien plus urgent à faire et ce n'est pas pour sauver des entreprises sans aucun avenir qu'il faut mettre des milliards, mais pour changer radicalement notre manière de vivre, ne plus renier notre condition et regarder un peu au delà de notre folie, de ce qu'on nomme "croissance" et qui n'est concrètement que la décroissance du vivant.
C'est ça l'escroquerie. Il se joue la fin de notre espèce, et on déploie des mesures colossales pour combattre un petit organisme encore plus insignifiant que nous, pour ne pas s'atteler aux vrais problèmes qui demandent des changements radicaux de vie. Non, nous on veut sauver l'économie, la "croissance", notre "confort", et advienne que pourra, la science nous sauvera.
Un paquet de hors-sujet dangereux:
- Ceux que tu accuses de tous les maux (les plus riches etc) sont tout autant impactés par cette pandémie. Nombre d'industries ont dû se mettre à l'arrêt, et tout un tissu industriel pâtit encore de l'interconnexion mondiale de l'économie. Certains s'enrichissent, c'est indéniable, mais il n'y a aucun complot. Chaque époque historique, chaque élément même dans la nature fonctionne sur les mêmes raisonnements à savoir "adapte-toi ou péris". Quand la route de la soie s'est ouverte, cela a fait la fortune de marchands, et fait mourir d'autres faute de clients. Quand un changement brusque d'environnement se produit, certaines espèces périssent faute de pouvoir s'adapter, quand d'autres plus adaptées se développent voire même étouffent ce même environnement. Les extinctions de masse en sont des preuves évidentes.
- Pour le changement climatique... oui il y a des changements, notre activité n'y est pas étrangère. Ce sont des faits. A partir de là, il faut aussi reprendre quelques raisonnements qui sont curieusement omis dans cette réflexion. De quoi je parle? Et le gaspillage monstrueux fait dans notre production alimentaire? Et le manque de discernement dans la répartition des territoires agraires? Ces modèles d'industrialisation ont été mis en place... pour éviter la famine dans un premier temps. L'usage des engrais azotés n'est pas sorti du plaisir/fantasme de produire en masse pour s'enrichir, mais de répondre tout simplement à une demande sans cesse croissante. Un rapport datant de la fin du XIXème siècle donnait comme perspective une famine colossale à cause de l'incapacité de produire suffisamment pour tous. C'est à ce moment que la mise au point des engrais a été poussée. Sinon? Cela aurait arrangé tout le monde de ne pas ajouter un coût dans la production. Pragmatisme avant tout: pourquoi dépenser plus quand on peut l'éviter?
- La peur de la Mort n'a même pas à être instrumentalisée. Les cultures qui ne craignent pas la Mort ne sont pas nombreuses, et sont loin d'être majoritaires. Pire: on éduque les masses (religion, culture...) à voir dans la Mort une étape qu'il faut craindre non à cause de la disparition, mais du jugement de l'âme. C'est en cela que la religion chrétienne passe par une ambiguïté entre "le paradis est mieux car l'enfer c'est ici" et "le jugement de l'âme pour déterminer sa dernière destination". Dans ces conditions, pas besoin d'aller chercher un complot quelconque, nous nous débrouillons bien pour avoir cette crainte. En plus, cela s'adosse à des craintes instinctives: la peur du néant, la peur du noir... donc en gros, nulle nécessité de voir dans cette peur un outil, puisque nous nous l'assénons par nous-même!
- La zoonose est valide dans tous les cas en biologie. ça ne se contente pas d'être pour nous... Et le virus se contrefout de la politique, de la philosophie. Il s'adapte selon les hôtes disponibles, et il ira sur tout hôte susceptible d'être porteur. C'est par exemple le cas de la rage pour faire simple. La rage nous est transmise en dernier lieu, et la Nature a créé des êtres porteurs sains suite à des milliers d'années de contamination des espèces considérées.
- Les problématiques induites par l'écologie et la proximité de l'Homme avec ce qu'on a la bêtise de distinguer en étant la Nature et le monde humain ne sont pas nouvelles... Car ces éléments existent déjà dans la proximité voire la promiscuité des espèces entre elles. La prolifération de certaines espèces et ce sans notre intervention (par exemple dans les forêts dites vierges dans le monde entier) démontrent par A+B que le concept de cohabitation est un fantasme de gens faisant de l'anthropomorphisme à tort à et travers. Une colonie de fourmis s'adapte, elle grandit, et si l'environnement se révèle plus fort qu'elle... elle disparaît. Nul besoin de nous pour que de vraies guerres aient lieu dans la Nature.
Tu sais quelle est la vraie escroquerie? C'est de poser un regard condescendant sur notre société, alors que c'est l'Homme par lui-même qui mériterait ce jugement. Je te l'ai déjà dit, il n'y a pas de bon/mauvais sauvage, pas plus qu'il n'y a de bon/mauvais capitaliste... Il n'y a que des Hommes, et il n'y a pas de bonne attitude à avoir vis-à-vis de quoi que ce soit. Quelque puisse être notre façon de vivre, on consomme sur notre environnement, et cela induit obligatoirement un impact. Notre taille de population est LE critère fondamental de l'impact, tout comme une nuée de sauterelles démolit un écosystème quand elle passe dedans.
Raisonner notre existence passe, selon moi, par une démarche non pas absurde et nihiliste, mais clairement par de la raison (au sens pur du terme). Croire revenir des siècles en arrière, renier les progrès de la science, c'est aussi absurde que de penser "après moi le déluge". Notre existence même est en soi consommatrice de ressources, qu'elles soient alimentaires ou autres.
Prenons deux extrêmes:
- On revient à l'âge de pierre? Alors on fait quoi? Peaux de bêtes, feux de bois et vie troglodyte?
- On continue à polluer sans se préoccuper de quoi que ce soit?
Les deux axes sont débiles.
D'ailleurs: remercions les progrès de la science qui permettent à beaucoup de justement se préoccuper de ces problèmes de pollution et de gâchis absurde de ressources! Nous sommes probablement la première société (au sens mondial du terme) à avoir une réflexion mondiale, là où nos prédécesseurs se moquaient allègrement de tout. Dois-je encore te rappeler que la Tamise était noire et grasse du temps de la révolution industrielle? Dois-je encore te rappeler l'état sanitaire atroce des villes faute d'assainissement raisonnés? Dois-je enfin remettre en perspective que le progrès est en cours, et qu'il faut que cela perdure et devienne non des gestes unitaires, mais bien des doctrines générales?
PS: à ce titre, nous autres "riches" nous faisons la leçon aux pays dits "pauvres"... Quelle foutaise! Tu serais dans un pays pauvre, ta première préoccupation ne serait pas l'écologie mais la survie, comme tout le monde.