Mon dictionnaire "personnel"

sosombre

Expert
Dans un autre fil un peu agité, @sosombre a écrit :
"Le progrès, c'est une constante dans l'humanité."
Propos catégorique que je me permets de contester en constatant que le "progrès", quel qu'il soit, se limite à certaines époques et à certaines civilisations et donc que des périodes de stagnation empêchent de parler de mouvement constant.
Alors si constante il y a, je veux bien qu'on m'explique par exemple où a été le progrès en Europe entre les Ve et Xe siècle ? Où a été le progrès chez les indigènes d'Amazonie, d'Afrique, de Mélanésie ou d'Australie pendant les millénaires qui ont suivi l'invention de l'arc et de la flèche ?
Rappelons aussi le vieil adage : "Le progrès, c'était mieux avant" qu'on pourrait appliquer au prix des cartes graphiques, objet de la discussion d'origine.

c'est une courbe qui à même connu des régressions, mais si on fait la moyenne pour l'humanité avec des intervalles de temps suffisamment grand :
nous progressons.
A notez que je parlais principalement de technologie, d'invention. Si on prend d'autre domaine (comme notre capacité à co-exister avec la faune et la flore, ou tout simplement quantifié la pérennité de notre environnement : c'est la chute libre en l'espace de deux siècle, et une courbe à la baisse globalement. Nous (humains) avons plus détruits que préserver, plus exploité que protégé, si on parle de ça).
 

magellan

Modérâleur
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Bon, bien que ce soit matière à discussion, admettons que tu aies identifié quelque domaine de progrès au haut moyen âge européen. Mais quid des peuples que j'ai cité ? Etaient-ils hors humanité ?
Non, mais nous manquons surtout de traces pour en parler, et les études menées sont (à ce que j'en sais) souvent réduites à néant du fait que nous autres colonisateurs avons faits énormément de dégâts.

De là, je ne vais pas centrer la réflexion que sur nous. Je dis uniquement que résumer la période citée à l'obscurantisme et au manque de progrès me semblait simpliste.
 

mezigo

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Salut à tous,
Ce fil de discussion semble se focaliser sur une question sémantique devenue un problème de société : faut-il corréler "progrès" et "croissance" ?
Autrement dit : comment inventer un "mieux avec moins" face au "pire avec plus" ?
C'est politique, technologique, sociétal et même moral... avec de forts lobbies qui tentent de convaincre que "décroissance" serait "régression".
Mon optimisme me pousse à croire qu'une certaine prise de conscience s'approche. A quel coût ?
 

magellan

Modérâleur
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Salut à tous,
Ce fil de discussion semble se focaliser sur une question sémantique devenue un problème de société : faut-il corréler "progrès" et "croissance" ?
Autrement dit : comment inventer un "mieux avec moins" face au "pire avec plus" ?
C'est politique, technologique, sociétal et même moral... avec de forts lobbies qui tentent de convaincre que "décroissance" serait "régression".
Mon optimisme me pousse à croire qu'une certaine prise de conscience s'approche. A quel coût ?
Je n'y crois pas un instant..; mais c'est mon pragmatisme teinté de cynisme qui me font repousser l'idée (et le repli sur une politique plus dure et reac après le naufrage du mouvement hippie...)
 

SergioVE

Tout à faire car rien n'est fait.
Ce fil de discussion semble se focaliser sur une question sémantique devenue un problème de société : faut-il corréler "progrès" et "croissance" ?
Dans mon esprit, la question serait plutôt : faut-il corréler "progrès" et "sciences" ? En d'autres termes, peut-on parler de progrès ailleurs ?
 

mezigo

Modo démodé
Staff
Pour moi : oui !
Des plantes invasives progressent.
La déforestation progresse.
Mon petit dernier qui est à l'école progresse aussi...
Lier progrès à science me semble réducteur, voire tendancieux.
On devrait, à mon avis, s'ouvrir sur plus de sens pour le mot progrès, et se dire que vivre mieux avec moins peut être un progrès.
Par exemple, le "travailler plus" lié à la réforme des retraites pourrait explorer l'idée de trouver des fins de carrières sur des emplois-passions ou emplois-plaisir.
 

SergioVE

Tout à faire car rien n'est fait.
Pour moi : oui !
Des plantes invasives progressent.
La déforestation progresse.
Mon petit dernier qui est à l'école progresse aussi...
Lier progrès à science me semble réducteur, voire tendancieux.
On devrait, à mon avis, s'ouvrir sur plus de sens pour le mot progrès, et se dire que vivre mieux avec moins peut être un progrès.
Par exemple, le "travailler plus" lié à la réforme des retraites pourrait explorer l'idée de trouver des fins de carrières sur des emplois-passions ou emplois-plaisir.
La phrase de départ concernait le progrès de l'humanité. Donc le petit dernier ou les plantes invasives ne sont pas concernés, ni les progressions arithmétiques ou géométriques. Peut-être faut-il définir ce qu'on entend par progrès dans cette discussion, mais je crains que d'une manière ou d'une autre, cela ne se ramène aux sciences dures et à leurs filles technologiques.
 

magellan

Modérâleur
Staff
Progrès

Abus de langage courant permettant à chacun de se rassure sur l'état de la société où il tente de vivre. Ainsi, on qualifie tout et n'importe quoi de progrès. Le progrès est une supposée réussite, alors qu'il se révèle bien plus souvent n'être qu'un changement possiblement néfaste à plus long ou moins brève échéance.

Nul n'est capable de lire l'avenir, et c'est là où toute réflexion devient délicate. En effet, même le plus froid des observateurs ne saura juger s'il y a un progrès qu'à l'aune de ses connaissances étriquées. Prenons le cas de la voiture: nous l'avons qualifiée de progrès social, de libératrice dans le domaine de la mobilité, pour ensuite la vilipender pour sa dangerosité évidente et la pollution de notre monde. Va-t-on alors jeter le bambin avec l'eau de son bain? La question peut se poser, car nous devons alors repenser notre mode de fonctionnement, et ça, par essence, la majorité sera réticente et fera de la résistance à outrance.

Nous courons après le progrès comme les gens de foi courent après la rédemption. A chaque fois qu'on pense avoir trouvé LE progrès ultime, nous constatons avec déception qu'il y aura forcément "autre chose" après. Nous ne progressons pas je pense, nous ne faisons qu'agir différemment. Qui dit progrès dit "faire mieux". Est-ce le cas? Après tout, chaque évolution de notre monde induit une dérive, des cas problématiques voire dramatiques. Le progrès des armes? Le progrès en science? Le progrès en médecine? Le progrès technologique? Il y a à redire pour tous ces sujets! Pour les armes, inutiles d'épiloguer, nous sommes parvenus à créer la manière ultime de nous anéantir; pour le progrès en science, il ne fait que révéler à quel point nous sommes ignares et que nous allons le demeurer à tout jamais. Le progrès en médecine? Même si je lui accorde une part de respect pour ma santé, force est de devoir admettre aussi ses travers comme la surconsommation de médicament, l'absorption massive d'anxiolytiques, et un acharnement thérapeutique devenu la norme. Et pour les technologies, que de nouvelles formes de pollutions nous avons réussi à mettre en oeuvre!

Je ne crois pas au progrès. Je crois au changement, aux évolutions qui peuvent être en bien et en mal. Les sociétés changent, évoluent, se remettent en question, se replient sur elles-mêmes le temps d'une crise identitaire et/ou politiques.

On m'objectera que l'évolution est un progrès. Je conteste. Notre société a changé sur bien des sujets, et dans le lot il y a ce que j'estime être des inepties que d'autres qualifient justement de "progrès". On a évolué avec les communications? Je trouve qu'on a régressé sur la communication individuelle et personnelle. Pire: le progrès technologique permettant l'instantanéité des échanges est devenu le terreau fertiles des paranoïaques, escrocs moraux et autres bonimenteurs.
 
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