@SergioVE je ne peux que cautionner ton dernier propos.
Quand on est sur une énorme structure comme Renault, il y a du bon, du très bon, et de l'inacceptable qui gâche absolument tout. D'ailleurs, ce qui m'horripile, c'est avant tout ceux qui jugent et critiquent les grandes sociétés / administrations sans en connaître les arcanes.
Pour bien cerner ce que je veux dire, ma clientèle est constituée de tous les étages de l'administration française. Cela va depuis la petite maternelle d'un village paumé, jusqu'aux services de ministères. Dans ces conditions, je peux voir tant les locaux, les rémunérations, les conditions de travail, la considération des agents à chaque niveau hiérarchique. Et là, quand on critique l'administration, j'ai tendance à vite monter dans les tous tant les clichés sont idiots et toxiques.
Je suis un pragmatique: je n'ai aucune envie de financer de la fainéantise et du gaspillage, donc ce que je peux voir me fait râler sur pas mal de points, mais dans le même temps je vois nombre d'agents aux salaires minuscules, aux responsabilités disproportionnées, encadrés par des guignols plus en quête d'une place que de prendre' en charge la moindre action.
J'ai eu (dans une autre vie professionnelle) des clients de très grandes tailles (dont Renault) et j'ai pu faire les mêmes constats:
- Des avantages sociaux/économiques non négligeables face aux structures plus petites.
- Des syndicats qui se sont délités et où, bien souvent, on postule pour "protéger ses miches" plus que pour agir. Pire: nombre de ces syndicats ne se battent même pas pour les bonnes raisons (préservation de l'emploi par exemple) mais pour conserver lesdits avantages.
- De la politique en lieu et place d'actions concrètes de gestion. Cela mène à des réunions, des échanges, sans faire avancer les sujets. On va même jusqu'à faire des réunions pour parler des réunions précédentes.
- Des salariés qui mixent des gens motivés et constructifs, et des "mal éduqués" qui ne voient que par les avantages sans se préoccuper de rendre à l'entreprise un minimum de boulot
- Des avantages devenus un peu trop aisément des dus
- Des structures avec des potentiels hallucinants, dont l'efficacité se grippe sauvagement à cause d'une hiérarchisation telle que plus personne ne semble enclin à décider mais plus à suivre des consignes venus d'on ne sait où.
- Des ambitions castrées parce que la politique du "je pousse mon copain" en lieu et place du "je pousse celui qui sait faire" rend l'évolution plus que difficile, ou tout simplement impossible.
- Des paritaires malsaines où l'entente et les arrangements sont la règle, là où cela devrait être de la négociation.
- Un pilotage par la compétition, ceci menant les managers à ne pas chercher à bien faire, mais à exhiber une efficacité supposée. Comment on fait? On annonce des pourcentages de réussite, d'avancement de projet ou de satisfaction en omettant dans ces chiffres tout ce qui peut déranger.
- Des décisions prises pour de la performance financière, pas de la performance industrielle. Concrètement? Flatter l'actionnaire, augmenter les marges, ceci en rognant sur les fondamentaux (coûts, protection sociale, qualité...)
Donc personnellement, j'ai énormément de mal à entendre les "ouinnn mes avantages" parce que sont des avantages, mais je conçois qu'on ne veuille pas les perdre. Cependant, en contrepartie, je ne suis pas d'accord qu'on veuille à la fois les avantages, sans pour autant être productif, et même refuser toute réforme susceptible de faire avancer le sujet. Renault a pris très cher quand la société a été sclérosée par un manque chronique de décisions pratiques. Quand G.Besse a voulu réformer, cela a été un tollé absolu. Pourtant, la "régie" avait des méthodes de production et de conception ayant 30 ans de retard! L'ile Seguin était une vraie cour des miracles, inefficace face à des usines plus modernes... Et réformer cela était inepte. Il fallait fermer pour ne pas continuer à perdre de l'argent. Mais ça... c'est du pragmatisme, pas du social.