Tu as la vision classique des pays riches, c'est culturel, à la base on a tous cette vision de l'homme fondamentalement animé d'un esprit de compétition. Je l'avais évidemment aussi. C'est ce que j'appelle la vision "Mad Max", qui est tout sauf ce qu'on observe dans la réalité. Cela existe bien entendu, mais c'est minoritaire en réalité, car ce n'est pas viable. A l'inverse, la vision d'une entraide nécessaire, est vue comme le monde des bisounours. Pourtant, c'est cela qu'on observe majoritairement lorsqu'il n'y a plus rien, qu'il n'y a plus de technologie et de biens matériels. Lorsqu'il n'y a plus rien, pour quoi veux-tu te battre, par quelle possession veux-tu briller plus qu'un autre ? Si tu trouves de la nourriture, soit tu te bats contre un autre qui veut se servir, et tu mets donc vos vies en péril (et donc ton espèce), soit tu partages et tu te fais un allié précieux pour chercher d'autres ressources. Quel est le choix le plus viable ?
L'association confort / individualisme est abondante dans la littérature scientifique qui étudie le vivant, et depuis longtemps. Tout comme à l'opposé la relation vie rude / entraide. Si Darwin a mis en avant un esprit de compétition, c'est parce-qu'il a observé des espèces dans des milieux ou l'opulence régnait, ce qui fut tempéré par Kropotkine qui a observé l'inverse dans les environments rudes. Récemment encore, on a observé des arbres qui s'entraident pour survivre dans des environnements rudes, à un degré qu'on ne pouvait imaginer (malgré notre immense savoir, on ne sait absolument rien de ce qu'il y a à savoir). Ce n'est pas une croyance, c'est observable de manière scientifique, aussi bien dans le monde animal que végétal comme je l'ai précisé.
Je n'ai pas dit que l'entraide était de la bonté d'âme (d'autant plus que je suis un pur athée), mais que c'est le système de base de la survie d'une espèce. L'opulence balaie ces instincts et engendre la compétition, pour avoir plus de possessions, pour briller plus que son voisin, pour stimuler son égo. C'est logique, si tu décimes tes semblables pour leur prendre leurs ressources, il ne restera que toi et tu devras faire leur travail lorsque les ressources dérobées seront épuisées, ce qui risque vite de devenir ingérable. D'ailleurs, actuellement, ou tout le savoir est mutualisé car il est immense (même s'il est insignifiant), comparativement aux hommes qui vivaient il y a 10 000 ans et qui avaient tous un savoir essentiel pour survivre, tu es incapable de vivre seul, tu dépends de milliers de personnes pour ton confort, ton alimentation, tes produits technologiques, tes services, tes loisirs. Ce n'est pas de l'entraide mais de la dépendance, qui ne te permettra pas de t'en sortir quand notre civilisation virtuelle s'écroulera. Et elle s'écroulera, comme à chaque fois, il n'y a aucun doute là dessus, le nier relève au mieux du déni, au pire de la mauvaise foi
Rien qu'en Amazonie, il y a on ne sait combien de tribus qui vivent totalement en marge de notre civilisation. Celles qu'on peut observer montrent que leur vie est dure et faite d'entraide. C'est à dire que tout le monde participe, que les jeunes aident les plus âgés, que les malades sont aidés également. Il y a des millions de personnes qui vivent ainsi en marge de notre civilisation, sans technologie, proche de la nature. Ce ne sont pas quelques illuminés.
Je pense que les illuminés c'est nous, et tout ce qui se passe et se profile devrait nous ouvrir le yeux. Mais tant que l'homme des pays riches n'est pas à quelques centimètres du mur où il va s'écraser, il se dit toujours qu'il aura le temps d'appuyer sur la pédale de frein.
Si chaque fois que tu pollues tu verrais un de tes proches tomber comme une mouche, tu ne polluerais plus. Mais comme nos actes ont des effets qu'on ne voit pas immédiatement, on a tendance à se dire que ça n'a pas un si grand impact que ça.
Pourtant, le vivant se meurt à une vitesse folle (le déclin des populations d'insectes par exemple est vertigineux, à cause du changement climatique, des pesticides, de la pollution lumineuse...), et nous faisons partie du vivant.