Honnêtement tout ça c'est de la pacotille au vu de ce que l'IA nous promet (pour le pire et le encore plus pire) ...
Pas tout à fait. Il faut porter un regard très direct dessus, car ce même discours a été tenu par les gens quand FB a émergé. C'était du "ça tiendra pas" et du "ça ne changera rien"... or on a vu concrètement l'impact via le scandale Cambridge analytica. On s'est moqués, et moi avec d'ailleurs à tort, de la puissance de ces outils. Or, force est de constater avec effroi que se servir des réseaux sociaux peut peser lourdement sur le devenir des élections, des mouvements de foule et j'en passe.
D'un point de vue purement social, on ne peut pas nier que nous sommes tous attachés par un fil numérique à travers les différents outils de messagerie (snap, whatsapp et j'en passe), et que c'est notre âge qui nous fait ne pas être liés plus intensément à travers tout le reste. Je suis le premier à trouver ces outils intrusifs et pénibles, notamment parce que chacun choisit le sien... ce qui m'impose d'héberger contre mon gré une pléthore d'outils dont je me fous totalement.
Les IA, elles, font déjà bouger les jalons concernant la perception de l'information et de la crédibilité des images/vidéos/textes qui nous parviennent. Ce sont deux niveaux de réalité différents. Les réseaux sociaux sont à l'échelle de l'humain, les IA à l'échelle des sociétés.
Je fais un distinguo très fort entre ces deux outils. Typiquement
- Les IA provoquent une défiance parfois légitime des lecteurs/spectateurs face aux médias d'information. Pire, quand l'information est trop retentissante, on en vient à les mettre lourdement en doute tant le tout semble "sorti d'une création numérique". Admettons que le 11/09 se soit produit hier... nombre de spectateurs dans le monde irait s'interroger sur la réalité des images... d'ailleurs moi-même au moment de les voir en direct je me suis interrogé si ce n'était pas la bande annonce du dernier blockbuster! Alors imagine un peu si cela se produisait aujourd'hui...
Cette même IA change aussi notoirement notre relationnel à la recherche internet, mais aussi et surtout à la rédaction de contenu. De plus en plus de médias usent de l'IA pour générer automatiquement du contenu (par exemple les shorts AFP diffusés sur les chaines d'info en continu), et côté sites internet bien des pigistes n'ont plus "d'utilité" parce que les IA font leur job de manière "gratuite". Cela remet en question bien des métiers, et on n'est qu'au début. C'est le crépuscule de bien des emplois perdant tout sens malheureusement (traducteurs, doubleurs...). On en arrive à une forme de scientisme toxique où "ce que dit l'IA est forcément exact" est une forme de norme. C'est effarant quand on songe que ces mêmes IA peuvent tout à fait produire du contenu orienté.
- Les réseaux sociaux, eux, ont un impact plus précis, ciblé. Le fait qu'on puisse harceler numériquement, pousser des opinions de manière massive et instantanée, c'est une vraie révolution des paradigmes politiques et sociaux. Là où une mode prenait le temps d'être diffusée à travers les médias classiques, ces mêmes modes peuvent émerger le lundi aux USA, reprises le mardi à Paris, et être périmées le jeudi parce qu'une nouvelle mode vient prendre le relai. On se doit de distinguer l'apport (bon ou mauvais on s'en moque ce n'est pas le propos) de la personne dans les réseaux sociaux, à celui produit en masse par les IA. On a tous tôt ou tard eu des réactions épidermiques quand un proche ou une connaissance a balancé une ânerie grossière sur un réseau (FB en tête me concernant). Et là l'IA n'y est pour rien.
Pire, les réseaux sociaux avec les algorithmes de "conseil" ont une influence non nulle sur les réflexions et pensées de chacun. C'est le biais de confirmation: plus on croit dur comme fer à une chose, plus on échange dessus... plus les "conseils" des réseaux nous amènent à suivre des fils s'approchant de nos opinions. Cela pousse à une forme d'intégrisme qu'on génère par nous-mêmes! Notons par exemple que Youtube ou Spotify ont ces mêmes tendances en nous emmenant à découvrir des artistes... qui sont dans les mêmes styles que ce qu'on écoute habituellement.
Les deux sont perméables réciproquement. De l'IA polluant les réseaux, tout comme les réseaux alimentant les réponses des IA. Et ceux qui savent tirer profit des deux ont la main sur l'opinion publique... et l'opinion personnelle.