magellan :
Le miroir est bien, mais il faut aussi, quand on envisage réellement un environnement pro, prévoir un volume de stockage externe, et si possible non mécanique afin de réduire au possible les risques de panne.
Comme le dit turlupin dans ce forum "n'oubliez jamais la loi de murphy!".
Me concernant, il serait alors à cibler la quantité potentielle de données à stocker. Quand on fait de la vidéo, cela peut vite grandir, et un NAS comme première étape n'est pas inutile, et lui adjoindre une politique du genre sauvegarde DAT n'est pas du luxe pour les données réellement vitales.
Enfin !
J'ai bien cru que personne n'aborderait ce point !
Quand on parle d'usage pro, c'est-à-dire de ce qui nous permet de payer les factures, il faut respecter la trilogie suivante :
1/ sécurisation des données
2/ SAV et support à domicile et/ou par téléphone pour les "petits tracas" (ce qui a un coût)
3/ Le matériel
Ben oui ! Le matériel vient en dernier parce que un usage pro signifie que ce qu'on met dans son assiette on le paye avec la vente de son travail, pas de son matériel.
Et que même si on a le super-super-super-PC-de-la-mort-qui-tue-grave, si on perd ses données on est dans une super-super-super-merde-de-la-mort-qui-tue-grave.
On peut perdre ses données d'un tas de façons différentes et à chacune correspond un matériel et une stratégie adaptée.
1/ Sécuriser les données, résultat du travail et source de revenu
erreur humaine (cas le plus fréquent) -> configurer les sauvegardes automatiques du logiciel employé (enregistrement toutes les x minutes) et de l'OS ou du système de sauvegarde externe (HDD ou NAS ou Cloud)
panne du matériel -> sauvegarde externe en RAID 1 à 2 HDD minimum. Si on est parano, on ajoute un ou plusieurs HDD à la grappe RAID pour accroître le degré de redondance.
Vol ou incendie -> sauvegarde externe (voir ci-dessus) et stockage quotidien du dispositif de sauvegarde dans un autre bâtiment. D'où l'intérêt d'ajouter une sauvegarde DAT en plus du NAS avec la stratégie suivante :
1/ Le logiciel enregistre dans la WS l'état du travail en cours toutes les x minutes. Vu la vitesse à laquelle on exécute les opérations, j'avais l'habitude (sur Media Composer, Film Composer, LightWorks, Publison et quelques autres) de régler la plus petite valeur disponible.
2/ L'OS déclenche une sauvegarde par synchronisation sur le NAS à chaque fermeture du logiciel ou toutes les heures, histoire de limiter les pertes si défaillance matérielle de la WS ou, encore, erreur humaine.
3/ En fin de session ou de journée, sauvegarde sur cassette, toujours en utilisant la synchronisation (si disponible) ou un mode de sauvegarde incrémental ou différentiel.
Une assurance vol-incendie ne couvrira, sauf coûteuses spécifications particulières au contrat, que le matériel, donc des nèfles.
Un local sécurisé coûtera la peau du c.l et ne sera jamais amorti pour un particulier ou travailleur indépendant.
2/ SAV et support pour gagner du temps ou ne pas en perdre trop.
Le premier ennemi de l'usage pro étant plus ou moins jugulé,
le deuxième est la perte de temps, donc de production et de revenu.
D'où l'aspect vital du support technique qui doit être du genre intervention sur place et échange standard des composants ou de la WS entière dans les 8 à 24 heures maxi. Ça se paye mais ça peut être "payant" dans l'autre sens du terme.
En particulier ça donne une excellente image du technicien-utilisateur auprès de son client qui n'en aura rien à foutre de savoir que les 3, 4, 5 jours ou plus sans pouvoir bosser sont dus à la lenteur du dépannage et qui retiendra seulement que l'utilisateur n'aura pas pris les précautions nécessaires.
Faire gaffe au contrat avec le client, il peut y avoir des clauses indemnitaires qui mettront sur la paille celui qui n'y aura pas fait gaffe.
En général, on appelle le support pro qui va d'abord essayer de faire un diagnostic par téléphone, histoire d'écarter les problèmes qui pourront être réglés en quelques minutes, sans déplacement ni remplacement de matériel. C'est toujours un gain de temps.
Si le diagnostic conclut à la nécessité d'une intervention in situ, il y aura une phase d'approfondissement du diagnostic, histoire que le technicien arrive avec le maximum de chances d'avoir apporté le bon matériel dans l'hypothèse d'un remplacement.
La question du support se pose aussi pour les logiciels pour des raisons évidentes. Pas besoin de développer.
3/ Le matériel
Là il faut bien savoir de quoi on parle : usage professionnel ou pas.
Dans tous les cas, mieux vaut définir une configuration et la faire monter par un professionnel expérimenté qui assurera une garantie de fonctionnement sur une durée et des conditions à négocier.
Sans compter que son expertise et ses connexions professionnelles garantissent d'éviter certaines erreurs et d'avoir accès à des composants difficiles à se procurer autrement.
Pour des tâches lourdes telles que la synthèse d'image en 3D, le montage avec effets spéciaux en définition HD et qualité broadcast, la solution professionnelle passe par un bi-cpu avec alim redondante et carte graphique gamme Pro (FirePro chez AMD et Quadro chez nVidia).
Pas par snobisme mais parce que ça répond aux nécessités de minimiser les conséquences de certaines pannes et d’accroître énormément la productivité.
La différence de tarif avec les gammes grand public se justifie par l'énorme travail d'optimisation des pilotes pour les logiciels pro, la qualité du matériel et celle du support. Tout cela se paye mais est largement rentabilisé par les gains de temps générés.
Quand j'ai commencé à bosser sur AVID 1 (1991, avant l'apparition du Media Composer et des suivants) TOUT le travail était fait par un
cpu Motorola 16 bits à 30 MHz, en particulier la compression/décompression video en temps réel car il n'existait pas encore de circuit dédié, genre DSP, le MPG n'existait pas et le JPG n'était pas encore normalisé.
Je sais, je suis un vieux croûton... [
atch]
Du coup on ne pouvait avoir que des images en 128x96 et 8 bits.
Et, bien sûr, pas question de réaliser un simple fondu-enchaîné en temps réel.
Sans parler de la difficulté, voire l'impossibilité, de voir les détails de l'image qui pouvaient guider le choix du point de montage.
D'où des surprises lors de la conformation video et la perte de temps consécutive à la nécessité de re-passer en montage pour corriger le problème (expérience vécue sur le premier téléfilm que j'ai monté sur ce matériel).
Bien sûr j'ai adapté ma méthode de travail pour éviter cet écueil.
Aujourd'hui, avec le bon matériel, on pourra bosser sur 8 pistes video HD Broadcast (peut-être même en UHD) avec effets en temps réel, donc on n'aura pas de temps perdu à attendre que la machine ait calculé offline, ce qui cause toujours un agacement mais aussi une perte de continuité de la réflexion dans les actions en cours.
Si on est super bien équipé en RAM et nombre de coeurs CPU, on pourra faire tourner en même temps les logiciels annexes pour échanger des données entre eux, sans avoir besoin de fermer le logiciel de montage pour passer dans le logiciel d'effets afin d'étalonner ou truquer un plan ou une scène, puis le refermer, rouvrir le logiciel de montage, y importer le fichier d'effets et l'intégrer au montage.
Même si on s'organise pour travailler par lots.
Idem pour les logiciels de sous-titrage, de création d'image (2D ou 3D), de montage/mixage son, etc...
Distinction entre Pro et non-Pro
Ce n'est pas tant le matériel que le statut sous lequel on travaille qui fera la différence.
En usage pro, on créera une structure juridique du style micro-entreprise ou S.A. avec un régime fiscal qui autorise l'amortissement des frais professionnels, dont le matériel et les contrats de service qu'on aura souscrits.
Du coup le budget n'est plus envisagé de la même manière.
Ensuite il faut réfléchir soigneusement aux limites que l'on doit se fixer.
Le matos ne sera jamais utilisé à 100% en 24/7, ce qui justifie une réduction des exigences sur le matériel.
Après tout, on peut mettre à profit une interruption de travail pour réfléchir, discuter avec le réal ou le représentant de la prod, on peut aussi souffler, marcher un peu, aller pisser, passer quelques coups de téléphone (au labo, par exemple, pour leur secouer les puces), ranger le bordel qui ne fait que s'aggraver avec le temps, etc...
Si on fait un investissement important, il faut être à peu près sûr de trouver assez de boulot pour l'amortir et gagner sa vie en payant toutes ses factures.
Si on réalise un investissement trop faible, le rythme du travail s'en ressentira et on risque de mécontenter le client (de toute façon jamais satisfait et esclavagiste de nature).
Si l'investissement est trop important il faudra augmenter les tarifs des prestations pour l'amortir ou bosser davantage (toujours avec un client jamais satisfait et près de ses sous).
Dans l'idéal ou presque ?
NAS dimensionné selon les besoins équipé avec des HDD sérieux (donc chers, hélas !)
sauvegarde à cassette (DAT, DV, Hi8, DLT, SDLT, AIT ou LTO) et une collection de cassettes pour sauvegarde "tournante" quotidienne sur une semaine ou plus. Pensez à bien étiqueter les cassettes !
Le choix du support se fait sur la capacité de stockage puis sur l'ergonomie et les perfs.
Onduleur online dimensionné pour protéger tout le matériel pendant 1/2 heure (1/4 d'heure risque d'être trop court)
WorkStation
CM bi-CPU Xeon autour de 400/800 € TTC (sachant qu'on récupère la TVA... enfin, je crois)
2 Xeon 6 ou 8 coeurs (sachant qu'il y a des Xeon à 18 coeurs avec HT et des caches énormes de 45 Mo mais qui coûtent plus de 6.000 € quand on en trouve)
32/64 Go RAM ECC Registred (les CM bi-cpu l'exigent souvent) compter entre 300 et 800 € pour un kit 4x8 Go 1600 MHz
carte graphique pro entre 1.000 et 4.000 €
Interface audio évoluée, externe avec I/O MIDI, numérisation en 192 kHz/48 bits 110 dB, à la rigueur du 96 kHz/24 bits 110 dB
Voilà pour les composants qui font la différence tant en prix qu'en performance et qualité du media produit
Maintenant les composants "secondaires" mais importants, voire indispensables
alimentation redondante 2x700 W, 400 à 1.000 €
SSD 512 Go ou 1 To sur port M2-PCIe 3.0
HDD interne à dimensionner selon les besoins (avec 2x4 To on couvre déjà pas mal)
Switch Gb, 8 / 16 / 24 voies selon le nombre d'appareils à faire communiquer. Surtout pas de WiFi.
Quelques composants optionnels "de confort"
Lecteur de disques optiques (pour récupérer des sources, audio ou video
Lecteur de cartes mémoire
Carte graphique grand public d'entrée de gamme pour afficher les tâches "ordinaires" pendant que la Pro se tape le boulot "noble"
Un HDD externe éventuel pour les sauvegardes vitales (EDL, listes de dérushages et similaires) qu'on fera rapidement manuellement en doublon plus facile et rapide à manipuler que la sauvegarde à cassettes
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Bon. Comme on peut s'en rendre compte, pour une vraie utilisation pro, il faut une démarche pro, un budget pro et des services pro de support et assistance.
Du coup ça devient un poil compliqué.
Il semble alors que la vraie solution pro passe par l'achat d'un matériel pro tout prêt, déjà éprouvé et vendu avec toutes les options matérielles, logicielles et services de support nécessaires.
On peut même louer ce matériel au lieu de l'acheter, ou l'acheter en leasing AOA.
Une de mes amies a fait ce choix d'acheter un MediaComposer avec contrat de maintenance et s'en félicite depuis.
Il y a aussi la solution LightWorks qui présente l'intérêt de proposer une version "gratuite", un peu bridée par rapport à la Pro mais qui permet de se faire les dents et de savoir si on se sent à l'aise avec son ergonomie.
Dans les deux cas, on a la liberté de choix du matériel et du fournisseur sur la base des configurations recommandées par AVID et LightWorks auxquels on n'achète que les licences logicielles.
Une autrte solution que j'ai vu pratiquer consistait, pour le monteur, à louer une salle de montage chez un prestataire de services.
Avantage : on bosse dans un environnement professionnel déjà configuré et largement éprouvé, le support technique est sur place et, si on a besoin d'un matériel pas prévu au départ ou d'une prestation de type labo, on a tout sous la main.
Bien sûr, on paye pour tout ça mais ça simplifie le calcul : on ajoute au prix de la prestation louée le montant de son salaire avec charges et on a un prix clair et net.
De toute façon, pour monter la configuration il vaut mieux passer par une boîte spécialisée qui aura accès à des composants qu'on ne trouvera jamais sur le marché "public".
De plus cette boîte aura acquis une expérience précieuse sur les "bons" composants, les problèmes de compatibilité, de configuration, etc... expérience dont l'absence chez celui qui veut monter seul sa config montrera rapidement l'importance en terme de coût et de performance.
En dehors de cette démarche pro, il est bien sûr possible de se débrouiller à moindres frais au prix de la sécurité, de la productivité, en montant une config mono-cpu 6 ou 8 cores HT.
Ce qu'on sacrifiera en termes de performances brutes et de sécurité (support et maintenance, en particulier) il faudra le compenser par une méthodologie bien pensée et rigoureusement suivie en matière de procédures de sauvegarde.
Il y a donc de bonnes chances que la sauvegarde à cassettes disparaisse du paysage en raison de son coût très élevé et soit remplacée par une sauvegarde sous forme de HDD externe qu'il faudra ABSOLUMENT stocker dans un lieu distinct du lieu de travail chaque soir.
On montera donc un PC aussi haut de gamme qu'on pourra, largement pourvu en RAM (32 Go est le minimum dans le cas présent), associé à un NAS et un réseau adaptés.
Si on peut éviter de sacrifier la CG Pro, ce sera un gain très sensible de productivité et de confort de travail.
Tout est affaire de jugement et de choix. Évaluer les chances qu'on a d'avoir des contrats, le revenu qu'on a besoin d'en tirer pour vivre (pas survivre !), le budget qu'on peut investir en espérant l'amortir plus ou moins rapidement (c'est une des variables d'ajustement les moins douloureuses du projet), le statut sous lequel on va travailler (surtout avec les saloperies de Macron et El Khomri, récemment) et ses incidences juridiques et fiscales.
Tout ce qu'on abandonnera de la version Pro se traduira par des risques, des difficultés et une dégradation des conditions de travail.
D'où la nécessité de bien comprendre les conséquences de chaque choix que l'on fera.
Je vais arrêter avant d'avoir écrit un pavé aussi long que Guerre et Paix.
Désolé si c'est barbant, j'ai essayé de rassembler tout ce que j'ai appris au long de ma carrière professionnelle pour donner matière à réflexion. Donc, il faut réfléchir puis se lancer plutôt que se lancer puis se lamenter d'avoir fait de mauvais choix.