Quelques précisions.
L'appareil soviétique en soi n'était pas la cause première de ce désastre si l'on prend vraiment de la hauteur. La catastrophe a été avant tout le fruit de la peur panique engendrée par l'excès paranoïaque de surveillance. Quiconque remontant un incident, une incompétence prenait peur de le faire pour ne pas finir emprisonné ou déporté. C'était ça le vrai travers. Le pire exemple vint plus tard après la chute de l'URSS... L'ex RDA a subi la même folie avec la STASI qui surveillait tout le monde. C'était un monde à part, et venant des balkans, je peux vous en dire quelques mots. Imaginez: vous êtes dans une centrale nucléaire. On exige de vous (hiérarchie) de procéder à des tests. Le technocrate au-dessus de vous peut vous faire arrêter pour défaitisme si vous refusez de le faire. De là, le choix est cornélien parce que si vous refusez vous repoussez l"échéance, car quelqu'un le fera à votre place de toute façon, et si vous agissez vous risquez gros aussi. Pire: complétez par une conception dangereuse, une méconnaissance technique des risques par les opérateurs, et là vous avez le scénario catastrophe idéal. Par analogie, j'ai lu une comparaison assez judicieuse: "imaginez une usine où tous les tuyaux trimbalant du gaz sont fragiles. Vous montez la pression à la demande inepte d'un incompétent... ça fuit et là PAF un collègue fume comme un crétin une clope à proximité d'une fuite".
Petite info: quand on demandait à des usines de produire un quota, elle devait s'y tenir ni en moins ni en plus. Sur une usine de bagnoles ça passe... mais sur une mine d'uranium, c'est déjà plus compliqué de tenir des quotas puisqu'on est tributaires du filon. De fait, des mines riches allaient jusqu'à tonner des quantités dingues de matière radioactive sans en informer personne! L'idée: répondre au quota de l'année suivante si le filon venait à se tarir. A la chute du mur, toutes ces réserves discrètes n'étaient ni référencées ni même décrites où que ce soit. Lorsque le jeune état russe, ainsi que nombre de nouvelles républiques indépendantes tombèrent sur des quantités astronomiques de matière radioactive non référencée, je vous laisse imaginer la panique à bord! "d'où ça vient? C'est quoi? On en fait quoi?". C'est là que par le truchement de l'ONU et des accords de désarmement que des financements et des aides internationales techniques (dont la France via la SNECMA notamment) ont permis un référencement, un stockage approprié, voire même le rachat de stocks pour les pays ayant besoin de carburant pour leurs centrales.