Ce qui aboutit à un sentiment profond d'impunité pour les victimes et à l'impuissance de la justice pour faire respecter les lois.
Oui... et non. Tout dépend de qui tu parles en fait. Cette impunité supposée est également exploitée par la petite criminalité qui tire profit, hélas, de cette problématique.
Ne perdons pas de vue qu'une peine d'un an ferme ça peut aller très vite. Les délits routiers, les fraudes fiscales, les "petits" larcins sont théoriquement susceptibles de mener à une telle condamnation.
Personnellement je suis très ennuyé par cette difficulté à savoir comment traiter ces peines courtes.
- Si l'on embastille, ça va hurler concernant la quantité de détenus en France. J'entends déjà les "100.000 détenus, état policier bla bla bla" alors qu'il s'agirait... que d'appliquer les sanctions déjà établies par les tribunaux
- Si l'on ne met pas en prison, ça gueule déjà "honteux, c'est pas une sanction ça, c'est du vent alors".
Il n'y a pas de bonne solution je pense. Je ne vois absolument pas comment traiter les courtes peines. Autant je suis parfaitement pour une sanction, mais dans les faits laquelle?
- Financière? hors-sujet car nombre de justiciables sont fauchés. La misère peut pousser au crime, donc ce serait pire
- La prison? Dangereux, car l'environnement carcéral n'est pas fait pour réinsérer ceux qui ont fait une erreur de parcours "excusable" (sauf si l'on parle de récidive à outrance)
- La formation/réinsertion/éloignement? ça ne fonctionne que si le détenu a la volonté manifeste de changer. ça n'est pas un reproche que je leur fais, je peux parfaitement admettre qu'il est difficile de quitter son lieu de vie pour X raisons légitimes, et se former à quoi... ça gueulera dehors "le prisonnier a donc plus de facilité à être aidé que les gosses des banlieues qu'on parque dans des lycées poubelle". Le pire? C'est que ce discours sera tout à fait recevable (cf la situation honteuse des établissements dans la région marseillaise et sur Marseille même).
Donc dire "impunité" me dérange, car c'est un propos qu'il faut utiliser avec parcimonie. En revanche, que des politiques aient esquivé la sanction sous prétexte de protection légale (immunité) fait partie des choses qui me hérissent le poil.... Mais me posent aussi question: à quel moment peut-on considérer que tout élu doit être attaquable? J'ai un gros problème pratique avec ça.
- Autant je suis pour tout ce qui touche au civil/pénal (détournements, fraudes, crimes...)
- Autant je suis bien plus gêné par le concept que "tout est jugeable". Je rappelle un point de loi fondamental: on peut porter plainte pour n'importe quoi, et c'est au juge de prendre ou non l'affaire si celle-ci peut cadrer avec une règle légale. Anecdote débile: un type a porté plainte contre un journal concernant... son horoscope. Oui oui! C'est possible. Cela encombre les tribunaux. Alors, si des acharnés portent plainte contre des politiques sous tous les prétextes possibles, cela ne pourra alors qu'inciter ces mêmes élus/nommés à ne surtout plus agir. Après tout, si un ministre prend une décision (cf crise COVID) et qu'en face c'est "je porte plainte parce que j'estime que ladite décision n'était pas judicieuse", comment administrer quoi que ce soit? Nul n'est devin, nul n'est capable de pouvoir traiter sans erreur la gestion d'un état.
J'ai lu une affaire assez sordide (reste à voir si elle est vraie ou bien fake): une famille a porté plainte contre une société qui avait licencié pour ne pas faire faillite. L'idée? "X a fait une tentative de suicide à cause de ce licenciement, c'est donc de la faute du patron s'il a fait ça, et ses handicaps liés à sa survie lui sont imputables". Que dire alors si une telle plainte venait contre un ministre de la santé pour les séquelles d'une maladie? Contre le premier ministre suite aux changements de droits des chômeurs? Jusqu'où aller?