Le plus difficile à appréhender, c'est que chaque personne fonctionne différemment là-dessus. Certains sont passifs et se font bouffer par les enfants, d'autres sont si autoritaires qu'ils traumatisent les gosses, et parmi le monde tu as cette obligation sociale d'avoir une descendance. Cette catégorie n'est pas qu'elle "n'aime pas", c'est uniquement qu'elle "ne sait pas aimer". Il ne s'agit en rien d'un rejet ou quoi que ce soit, c'est cruel, mais il s'agit uniquement d'une forme d'absence d'attachement ou d'empathie. Ce sont des gens responsables, mais qui auront la même attitude avec n'importe quel enfant, qu'il soit à eux ou pas.
A partir de là, le plus gros problème se pose sur sa propre construction mentale. L'enfant se reproche forcément le manque d'attention, et cela peut mener à des gosses turbulents car cherchant à se faire remarquer. Pire, cela peut aussi les rendre aigris et méfiants face aux relations avec les autres, notamment quand il s'agit de relations sentimentales. Cette apathie peut dès lors mener l'adolescent qui la subit à agir de la même manière, soit par mimétisme, soit par peur de la blessure. Dans les deux cas, c'est une chose qui peut les retarder dans leurs relations sentimentales.
Pour compléter, ce qui est par la suite délicat, c'est de devenir "trop" attentif par compensation, en cherchant à rejeter le modèle trop éloigné, quitte à devenir étouffant. C'est un équilibre précaire, difficile et à ajuster au quotidien.
Que tu aies identifié cela est forcément bénéfique, et pardessus tout cela va t'offrir un regard nouveau sur ton rôle de père et de compagnon. Dans un cas, tu sauras mieux écouter et prendre en main ta relation père enfant, et dans l'autre également mieux saisir l'importance de la répartition de la responsabilité parentale, et te montrer à la hauteur de ce rôle où il n'existe hélas pas de cours miracle ou de bouquin magique pour tout savoir faire.
Quoi qu'il en soit, félicitations, il faut digérer cela, mais attention à une seule chose: le contrecoup. Evite d'analyser, de mettre tout ce que tu vas faire à l'avenir en perspective. C'est le même principe que lorsqu'on fait sa vie avec quelqu'un, et qu'on la met en face des échecs du passé. Tu n'es pas la même personne, tu es toi, ton caractère, tes défauts et tes qualités pesant sur tes décisions et tes actes. Ce qu'il faut que tu oses faire, et si tu as la chance que ta moitié soit capable d'oser le faire, demande-lui de te faire remarquer si tu deviens trop distant, apathique ou inutilement dur. Cela va énormément t"aider à avancer, à te sentir délesté du poids de cette comparaison, et qui te mettra qui plus est en valeur en te permettant de te dire fièrement "je ne suis pas comme ça".