Au cas où tu t'en souviennes pas, tu peux juste mourir de vieillesse entouré par ceux que tu aimes.
Ah, mais je comprends mieux, tu as choisi la pilule bleue.
Oh oui, entouré de tout l'amour du monde, dans ton jardin, en paix, par une belle journée d'été, avec des papillons multicolores qui virevoltent et ton souffle qui s'évanouit délicatement, emporté par une brise légère. Tu peux aussi mourrir paisiblement dans ton sommeil, dans les bras de ta dulcinée, sans même t'en rendre compte, avec un large sourire complice. Et même qu'un baiser de la princesse te ramènera à la vie ensuite. Que c'est mignon tout plein. <3
Sauf que tu ne vis pas à DisneyLand, tu aurais dû choisir la pilule rouge. Regarde de quoi et comment meurent les gens rien qu'en France, c'est pas souvent bien joli. D'ailleurs, si tu vis trop vieux, tes proches seront possiblement tous morts au moment de ton trépas. Et "mourir de vieillesse" ça n'existe pas, la vieillesse n'est pas une maladie ou la cause d'une mort, on meurt d'une défaillance d'un organe ou d'un traumatisme, mais pas "de vieillesse". Ce que tu décris est une image d'Epinal.
20 000 personnes environ meurent chaque année d'accidents banals de la vie quotidienne (tu marches tranquillement et glisses à cause d'une plaque de verglas puis tu te fracasses le crâne sur le bitume, tu te fais asphyxier par ton chauffage ou parce-que t'as laissé ta console de jeu en veille la nuit et que l'alim a pris feu, tu t'étouffes avec un aliment ou tu fais une fausse route, etc...). C'est beaucoup plus que les accidents de la route (moins de 3000), mais beaucoup moins que les cancers (150 000). Je ne vais pas faire toute la liste, hein, je pourrais passer pour un pessimiste alors que c'est juste la réalité. A bientôt 53 ans, je commence à avoir "quelques" personnes qui sont mortes autour de moi, j'ai pas franchement le souvenir d'une mort paisible entouré de ceux qu'on aime. Par contre des longues souffrances avant un trépas dans un état épouvantable dans un lit médicalisé, j'en ai vu quelques unes. Les maladies neuro dégénératives sont des plus en plus fréquentes chez les personnes âgées et c'est pas toujours très joli comme fin.
Je suis un optimiste, toujours de bonne humeur, toujours à déconner dans la vie. Ce qui ne m'empêche pas de ne pas être dans le déni de la réalité comme je l'ai déjà dit. On peut rire et s'amuser au bord d'une falaise tout en sachant parfaitement ce qu'il y a derrière, ou en voulant l'ignorer sciemment, parce-qu'on ne veut pas savoir, que ça saoule, que ça risque de gâcher la fête (ce qui n'est pas mon cas, dans aucun domaine).
Donc si j'avais le choix, je préfèrerais mourir d'une grosse bombe dans ma face que d'une BPCO, d'un cancer, d'une maladie neuro dégénérative, ou plutôt que de me faire hacher par la fraise d'une dameuse comme ce jeune skieur là où je travaille. Je suis pleinement conscient que j'y vais et que je ne choisirais ni quand ni comment. Peut-être même juste après avoir publié ce post. Et ça donne un goût merveilleux à la vie, beaucoup de joie, chaque journée étant possiblement la dernière, un peu comme ces gens qui n'osent dire "Je t'aime" qu'au moment de leur mort, moi j'ose tout, tout le temps, je n'ai pas peur et je suis très bienveillant avec les autres. Même envers toi qui a pris la pilule bleue