@magellan : les trois comportements que tu distingues se retrouvent aussi chez ceux qui ont raison...
Un de mes plus vieux amis a lui une quatrième attitude : antivax convaincu ("on n'a pas assez de recul") il vit sa vie (devenue difficile) sans se plaindre, sans chercher à convaincre qui que ce soit, sans manifester, et sans colère.
Le résigné ?
Je ne sais pas.
Pour le premier élément, il y a effectivement toute une population de personnes qui, si elles sont dans le vrai, deviennent vindicatives et pénibles. A ce titre, j'ai été fortement agacé par les actions culpabilisantes concernant les féminicides. Oui, c'est honteux, oui c'est à gérer de manière extrêmement sévère, mais NON je ne suis pas un de ces salopards qui tabasse sa femme, et NON sous prétexte que je suis un homme je vais porter la culpabilité pour les actes d'autrui. Donc oui, je comprends tout à fait ta réflexion sur ce premier aspect.
Rien n'est plus pénible que d'entendre de bons arguments dévoyés par une obsession visant à convaincre son sur les éléments objectifs, mais les opinions qui en découlent.
On a tous vécus ce moment gonflant où on est d'accord sur le fond avec l'interlocuteur, et sûrement pas sur les idéologies qui en découlent. Ce qui m'est le plus difficile à avaler, c'est quand une bonne idée se voit alors démolie parce que le discours qui la porte est inaudible.
De là pour le
résigné je suis plus prudent.
Je ne dis pas qu'il n'existe pas. Au contraire, je pense qu'il est même le plus commun et non parce qu'il galère forcément, mais parce qu'il ne compte tout simplement que sur lui-même pour avancer. Concrètement, je requalifierais en
déterministe.
C'est un point de vue qui se discute parce que je ne conteste pas qu'en affinant le
résigné est aussi très présent... mais je ne resterais pas sur la partie "vie difficile". Nombre de personnes qui ne se préoccupent plus de politique sont tout simplement dans la voie du "de toute manière ça ne me touche plus vu que ça ne change jamais. Autant avancer".
De mon point de vue (ne pas me faire dire que c'est une vérité, c'est une
opinion), trop de médias, trop de partis politiques et surtout trop de populistes instrumentalisent et exacerbent brutalement ce sentiment du "ça ne sert à rien". J'estime dangereux l'attitude de nombre de politiciens (surtout dans les extrêmes) qui cherchent la réaction épidermique et pas le progrès. Je reproche tout particulièrement à ceux qui ont poussés les gilets jaunes vers l'échec. Que je soutienne ou non le mouvement n'est pas le sujet. Le sujet pour moi a été les deux discours suivants
- On peut forcer une république envers et contre toute institution/élection dans une direction.
-On ne fait pas de politique, pas besoin de se regrouper pour peser dans la balance.
Dans les deux cas, j'ai qualifié (et je qualifie encore) de manipulation. Inciter à la haine, à la destruction, ça ne mène qu'à pousser la société à se braquer et légitimer, hélas, les mouvements bien plus fermes et tenants du discours sécuritaire. Pour ceux qui ont la mémoire courte, c'est cette même réaction face au communiste révolutionnaire qui a poussé énormément de gens dans les bras de l'extrême-droite (action française) voire dans ceux du fascisme/nationalisme le plus toxique.
Pour le "on ne fait pas de politique", c'est encore plus dommage. Que je cautionne ou pas ce qui s'est dit n'a aucun sens. J'ai dit et je martèlerai toujours "si vous voulez peser, faites-le dans les institutions au lieu de croire que défiler dans la rue suffira". Ironiquement, c'est ce qu'a compris le FN puis aujourd'hui la mouvance qui cautionne E.Zemmour. L'un comme l'autre ont compris que pour être audibles, voire faire changer les lois, il est inutile de se contenter de fêter le 1er mai au nom de Jeanne D'arc. Etre député, voire être candidat à la présidence a autrement plus de sens et de poids!
Pour les résignés... je peux lâcher une paraphrase d'une citation que je trouve très juste
"Les diables prennent le pouvoir quand les anges estiment qu'il est vain d'agir".