Je trouve que l'article est parfois hors sujet, même si la première lecture peut paraître conforme et tout à fait légitime.
Tout d'abord, un fait évident et élémentaire: la responsabilité étatique n'est pas neutre, loin s'en faut. Je ne vois pas comment contester cela. En revanche, c'est aussi et surtout omettre un aspect fondamental: les citoyens eux-mêmes, jusqu'à la confrontation à une vraie crise sanitaire, une bonne majorité de la foule ne s'émouvait qu'entre la poire et le dessert de la situation sanitaire des hôpitaux, des manifestations d'infirmières, ou encore des décisions iniques prises sous prétexte d'économies.
Cynique? Ironie de l'Histoire majuscule? Oui. Assurément. Nous tous, et je ne m'exclue pas, avons perdu de vue que la maladie et les risques sanitaires ne sont pas que des hypothèses. Notez également ceci: malgré le risque, malgré la mortalité trop élevée, encore trop de gens se moquent ouvertement du risque, plus probablement par bêtise humaine que par véritable défiance... Et si on les complète avec les dingues qui font cela par pure provocation, on tient là tous les ingrédients d'un désastre.
A chaque fois que la question de ce qu'on veut payer s'est posée, la foule a hurlé au scandale. Vous vous souvenez de la cotisation de quelques Euros laissée chez le praticien? Ca a donné quoi? Des hurlements, des vociférations de la foule "ouinnn scandale... on veut pas payer plus". Leçon de l'Histoire: les économies se payent plus tard, les méthodes raisonnées s'apprécient à long terme.
Parlons des labos, du financement des hôpitaux... Ce chercheur "omet" accessoirement qu'il n'y a pas que le phénomène de cour, mais aussi une réaction débilitante de bien des établissements. "Ah non, JE m'occupe des achats pour la partie neuro... et c'est mon pré carré". En gros: chacun pour soi, pas de mutualisation pour faire des économies d'échelles. Pire: quand on sait que les fournisseurs rincent sauvagement certains qui paient donc bien plus chers des produits et fournitures... pour avoir le droit à des voyages ou la hifi et j'en passe... (scandale des visiteurs médicaux typiquement). Je ne généraliserai pas: bien des services font des miracles avec des moyens trop limités, parce que des escrocs et parasites ont préalablement torpillés les comptes pendant des années.
On ne peut décemment pas concilier santé et économie. Malheureusement, les citoyens rêvent d'une santé idéale, tout en se refusant à admettre que cela a un coût, et avant tout un coût humain. Former du personnel qualifié, cela prend du temps, c'est cher, et il faut savoir rétribuer ces professions à la hauteur de leurs sacrifices. Or, une bonne partie de la population voyait le surcoût dans les impôts comme étant "honteux, on donne déjà assez". Hélas non: tout se paye, et là on paye cette double folie citoyenne et politicienne de "allez, payons moins de taxes".
Ensuite, parler de déflation n'a aucun sens économique dans la situation actuelle. On ne parle pas de réduire les flux, réduire les prix ou quoi que ce soit. On parle littéralement d'immobilisation de l'économie! N'allez pas mêler des opinions et des suggestions économiques à une crise digne d'une guerre. En temps de guerre, on n'analyse pas le coût, on réquisitionne, on impose, puis ensuite on assume les conséquences. Pour mémoire, je vous invite à vous documenter sur l'état de l'économie de la France au sortir de la seconde guerre mondiale. La France n'était pas en déflation... le pays était ruiné. Plus de tissu industriel, les purges envers les collabos, les villes ravagées par les combats, le rationnement... On n'est pas dans un scénario où la déflation fait sens. On est dans une situation où les faillites vont se compter en centaines de milliers laissés sur le carreau, en centaines de milliers de foyers ruinés...
Un autre aspect: nous avons un discours de riches. Si nous, les pays riches, prenons une gifle économique, ce sont nos sous-traitants qui vont encore plus souffrir! Pourquoi croire que cela ne concerne que nous? Le Bangladesh, l’Inde, la Chine, les pays du Maghreb... tous vont se faire briser les reins faute de travail et de production. Et cela, c'est sans compter le coût humain qu'eux aussi vont payer à cause de la maladie.
Pour les GAFA? Soyez raisonnables: sans clients au travail, sans clientèle pour consommer, sans entreprises à servir, c'est tout aussi néfaste pour eux que pour les autres, voire plus encore, car mine de rien la plupart sont des colosses aux pieds d'argile. Les seuls qui sont un peu hors sujet sont Apple et probablement Microsoft, les premiers ayant un trésor de guerre colossal, et les seconds continuent à tenir la barre en vendant tant de la licence que du service. Pour Amazon c'est déjà plus délicat sachant les problèmes de flux de marchandises, tout comme les problématiques de ne plus avoir potentiellement de personnels dans les locaux, ou une baisse de commandes de services car la plupart des entreprises temporisent leurs investissements, voire les annulent purement et simplement.
Ils ne sont pas à plaindre, mais j'aimerais mettre en lumière quelques faits pour bien reprendre un peu de hauteur et saisir à quel point personne n'en tire bénéfice:
- Netflix réduit la voilure technique pour ne pas saturer les réseaux
- La plupart des entreprises ont des soucis en se rendant compte que leur infra interne n'est pas dimensionnée pour tout mettre en télétravail
- L'immense majorité des sociétés qui travaillent dans le commerce réel (Carrefour, Casino, Auchan...) subissent de front les problèmes pour assurer des services comme la livraison, et de la même manière leur infrastructure technique en prend plein la tête
Pour moi, cette crise doit surtout et avant tout rappeler à chacun que rien n'est acquis, et que tout a un coût... Et qu'il faut savoir choisir ses priorités. Il y a quelques semaines, personne n'aurait accepté qu'on leur dise "lavez-vous les mains correctement", en gueulant que l'hygiène est personnelle et un gros majeur tendu. Dire que l"état est responsable de tout me file mal à la tête, car CHACUN doit être RESPONSABLE. C'est dingue: on veut un état paternaliste, mais dès qu'il tient la main c'est "de l'intrusion" et j'en passe.
Essayons avant tout d'être responsables de nous-mêmes, de nous comporter de manière civique et discipliné. Je suis allé faire des courses, avec masque, gant, distance de sécurité... et là j'ai vu cette foule de débiles se foutant de tout, aucune protection, se ruant dans le magasin comme des chiens enragés. Et les rayons ETAIENT PLEINS. Il n'y a PAS de pénurie, mais non... zéro protection, zéro respect des consignes, un égocentrisme exacerbé honteux et minable. Heureusement pour moi, je n'ai jamais eu foi en la nature humaine, je ne suis donc pas déçu.
NOTA: Ce tocard (pour être poli) de B.Johnson a changé d'avis. Je me demande hélas combien de morts seront à porter à son "crédit" après ses propos indigents.