En fait si, c'est simple, dès lors que tu acceptes de dépasser la vision normée de la vie en société dans les pays riches (emploi, famille, loisirs, vacances, qui est pour moi identique à métro - boulot - dodo). Le calendrier grégorien n'est que la métaphore de l'aliénation de la vie en société de consommation. Tout est question de choix (au pluriel) et de volonté. Tu as choisis une certaine vie et les contraintes qui vont avec, rien ne t'es "imposé" que tu ne t'imposes toi-même. Chaque jour, dans les pays riches, des gens, des familles, décident de changer radicalement de vie et de ne plus subir ces contraintes. C'est parfaitement possible, encore faut-il le vouloir et avoir le courage de rompre avec ce que l'on croit être un certain confort psychique et/ou matériel, mais qui n'est souvent qu'une adaptation, un pis aller, à une situation aliénante (homo sapiens est grégaire mais doué pour l'adaptation). Il n'y a aucun jugement dans mes propos.
La première chose qui permet de s'affranchir du calendrier, c'est de refuser l'horrible idée de "gagner sa vie", et d'avoir un tout autre rapport au travail (dans le sens premier de ce mot, qui désigne toute activité physique ou intellectuelle, rémunérée ou non, qui consiste à entretenir, créer ou produire quelque chose). Depuis enfant, cette idée me terrorise bien davantage qu'un film d'horreur. J'ai alors tout fait pour ne pas avoir cette vie là, j'ai fait des choix, comme chacun fait les siens. Parfois je me suis trompé et je l'ai payé cher. Cela ne m'a aucunement empêché d'élever ma fille ou même de me marier à une époque. Les excuses ne sont que des barrières qu'on érige par peur de se confronter à des situations qui nous effraient, ou par déni. Avoir des enfants n'empêche personne de mener une vie en marge du schéma que j'ai cité. On a vécu en nomades pendant 99% de notre existence sur terre, ça n'a pas empêché des familles de se créer et des enfants de naitre. Cela fait très peu de temps qu'on vit selon le schéma normé que j'ai décrit. De nos jours, il y a des familles qui vivent constamment sur les routes dans un camping car, sillonnant le monde au jour le jour. Ils ne savent pas où il vont se poser pour dormir le soir même, s'ils vont trouver à manger ou du travail, et pour rien au monde ils ne changeraient de vie, ils n'ont pas d'attache, pas de biens matériels en dehors du camping-car, et le calendrier n'a aucune importance pour eux. C'est bel et bien un choix. Ces familles ont les contraintes liées à leurs choix. Tu pourrais très bien changer de vie et ne plus être soumis à ce calendrier. Encore une fois, le calendrier n'est qu'une matérialisation concrète d'un phénomène plus profond, le désir d'épanouissement ou celui au contraire de se conformer à une norme.
Il y a des pianistes aveugles, sans bras, ou même sourds. J'ai vu une compétition de tireurs à l'arc sans bras, un homme tronc qui craque une allumette et s'allume une cigarette, et j'en passe. Mais vivre sans la contrainte quotidienne de ce petit calendrier arbitraire, ce serait à ce point insurmontable ? Vraiment ?