L’homme a toujours travaillé, et beaucoup plus que maintenant. Comparativement aujourd’hui il n’en fout pas une, parce que tout est mutualisé et qu’il est sous perfusion de services. On a pas cessé de travailler de moins en moins, de devenir obèses, d'avoir rien d'autre à foutre que surconsommer des merdes. Et vous me dites que si vous étiez nantis, vous n’en foutriez pas une ? Ça me parait fou, j’ai autour de moi deux milliardaires, et ils bossent comme des tarés. C’est le monde à l’envers. Vous ne vivez donc que pour l’argent, comme les personnes que vous citez et qui n’ont pas d’autre choix que de faire n'importe quoi pour survivre ? C’est ça finalement qu’il faut retenir de ces échanges aux termes compliqués, et que vous ne dites pas simplement ? Le flouz, la thune, c’est votre saint graal, votre métier est un pis-aller, une contrainte dont vous vous passeriez volontiers si vous aviez de la thune ? Finalement c'est Wall-E, vous rêver d'oisiveté, de loisirs, surtout pas de faire travailler vos méninges ou vos mains ?
L’homme s’est épanouit, façonné, développé, construit, émancipé par le travail. Avant l'ère industrielle, et encore avant, il fallait travailler très dur chaque jour, s'occuper de ses cultures et/ou de ses animaux, composer avec les aléas de la météo, sauf pour les rares nantis qui exploitaient les autres (ça, ça n’a pas changé). On était très loin des 35h par semaine avec les week-end tranquilles et des congés ! Et encore avant il fallait travailler encore plus dur chaque jour pour espérer survivre. L’homme a toujours beaucoup travaillé et c’est ce qui a permis son développement.
Vous êtes déficients, handicapés ? Parce-que vous râlez, après votre employeur, votre client, ou je ne sais qui, qui ne vous respecte pas, ne reconnait pas votre valeur, vous fait trop travailler, vous exploite, ne vous tamponne pas le formulaire B543A qui vous faciliterait la vie. Très bien, mais cette vie, on vous l’impose avec un flingue sur la tempe, vraiment ? Vous êtes à ce point si peu maîtres de votre destin, enchainés, esclaves d’un système qui ne vous convient pas ? Des gens qui changent radicalement de vie (et de métier) du jour au lendemain, y’en a plein, vous en connaissez surement. Regardez Demaison, de trader il est devenu acteur, rien à voir, et sacrément risqué le pari. Caroline Vigneaux pareil, avocate qui a refusé une substantielle augmentation pour tout plaquer et devenir comique en démarrant de zéro. Des exemples j’en ai à la pelle, et des moins prestigieux ou dans d'autres domaines, de gens qui ont tout plaqué pour se lancer dans tout autre chose de bien plus épanouissant pour eux. Quitte à passer plus de la moitié de sa vie à travailler contre rémunération, autant que ce soit dans un domaine qu'on kiffe vraiment, non ? Dans nos pays riches, personne, à moins d’être déficient ou handicapé bien entendu, n’est enchainé à rien contre sa propre volonté.
Tout ça un employeur le sait pertinemment. Un salarié (cadre ou non), c’est cruel ce que je vais dire, mais c’est un mouton (la cadre ce serait le patou). Il peut bêler, la plupart du temps il suivra le troupeau qu’il obtienne ou non ce qu’il veut, et le berger le sait très bien. Le mouton a peur du patou, peur de perdre le troupeau, tout comme le salarié a peur de perdre ce qu’il appelle la sécurité de l’emploi, au prix toutefois d’une vie de contrainte ! Ça fait cher la « sécurité » une vie de contrainte, et tout ce temps passé à faire un métier dont on se passerait volontiers, quelle perte de temps ! C’est la voie qu’on attend des moutons du capitalisme, l’éducation nationale sert à former des personnes qui fonctionnent ainsi, ce n’est pas un secret. La différence entre vous et un ami qui est un guitariste virtuose par exemple ? Et bien il a bossé comme un enculé de sa race (et c’est peu de le dire) pour ne PAS avoir cette vie qui vous fait râler (et qu’il a connue un peu, puisqu’il était commercial), et il continue à bosser comme un dingue pour rester performant, continuer à s’amuser, à faire des rencontres merveilleuses, à vivre des expériences intenses. Tout comme moi il a connu des moments de lose intense, rien pour manger, les huissiers et j’en passe, mais c’est rien, c’est passager, alors que vous, vous vous imposez une vie entière de contrainte. C’est triste.
Bon j’arrête, je pourrais faire un roman sur le sujet, je rencontre souvent des personnes envieuses qui me disent qu’elles n’ont pas osé, pas eu le courage, puis qu’ensuite avec les enfants ce n’était plus possible. C’est du flan. Avoir des enfants ou une femme ça n’empêche pas de vivre ses rêves, de changer radicalement de vie. Il faut juste des cojones et beaucoup de travail. La seule chose qui empêche de vivre ses rêves, c’est soi-même. Alors oui, c'est vrai, encore faut-il avoir des rêves... Mais je ne peux pas concevoir une vie sans rêves, sans buts à atteindre, sans tâches à accomplir. Un ami climatologue, qui est comme moi très pessimiste sur l’avenir à court terme, marié et père de 2 enfants, a tout quitté pour acheter une ferme dans une toute autre région et vivre en autonomie. Toute la famille participe. Il bosse beaucoup plus qu’avant, mais au moins il sait pourquoi et pour qui il travaille. Ce n’est pas pour un patron, des clients ou des actionnaires, c’est directement pour sa famille. Ah c’est dur, il en chie, mais il en tire aussi une énorme satisfaction en tant qu’être humain. Et ça, ça n’a pas de prix.